JUILLET
L’oiseau d’une pensée
Prend son vol doucement,
Puis se fond dans l’instant
Pour y mieux scintiller,
Se tait le bruit des mots
Qui encombrent l’esprit,
Un long vent d’infini
Plonge l’âme en repos.
L’heure de vacuité
Coule à gouttes légères,
Embuée de lumière et de sérénité…
***
Ecouter quelque chose émerger du silence
A l’heure mystérieuse où l’aurore frémit,
Quelque chose de fin, suave et délicat
Qui flotte au bord de l’âme,
Pareil à une plume oubliée par un ange
A la fois hésitant, scintillant et fugace,
Quelque chose qui aime à jouer dans les reflets
Pour mieux nous échapper,
Quelque chose d’intense
Que l’on pourrait peut-être appeler le bonheur…
AOUT
C’est parfois peu de chose que le réconfort,
Un sourire donné au détour d’une rue
Quand l’âme un peu trop triste a des pensées de pluie,
Un mot que l’on vous dit et qui résonne en bleu,
Laissant dans votre esprit un sillon de bien-être,
C’est parfois une main d’enfant qui prend la vôtre,
Un ami très gentil qui essuie une larme,
C’est un instant de paix devant une fontaine,
Un oiseau qui s’approche et vous regarde en face
Comme s’il sentait bien que vous êtes trop seul,
C’est aussi quand l’aimé vous serre contre lui
Et qu’il n’est pas besoin de la moindre parole
Pour sentir ruisseler la chaleur de son cœur
Jusqu’au plus noir tréfonds de votre puits de peine,
C’est, dans le temps du deuil qui vous broie de douleur
Un rêve qui vous montre le cher disparu,
Comme si ce dernier, vivant en l’au-delà,
Vous disait que toujours il veillera sur vous,
C’est plein de choses tendres et inattendues,
Qui viennent consoler nos chagrins lancinants,
Des cadeaux d’existence aux beaux parfums de joie,
Et même s’ils ne sont qu’éphémères surprises,
Ils parviennent souvent à nous rendre confiance
Car sans ce rayon doux, cette grâce qui sauve,
L’on pourrait bien, hélas, se laisser peu à peu
Mourir tout doucement sans même en avoir l’air…
SEPTEMBRE
L’automne aux yeux de vents perdus,
Au triste regard de statue,
Observe les feuilles tomber
Sur le sol mouillé des allées…
Fier vagabond, prince charmeur,
L’automne aux changeantes lueurs,
Tantôt sourit et tantôt pleure
Tandis que s’écoulent les heures…
L’automne aux soirées de tiédeur
Qui embuent l’âme de langueur
Aimerait un peu de chaleur
Pour l’extirper de ses torpeurs…
L’automne habillé d’incarnat
Dans son costume d’apparat,
Evoque un grand bal vénitien
Où l’on valse d’un air badin…
De son bâton de magicien,
Sur le paysage il repeint
Un tableau d’ocre et de carmin
Qui miroite en l’eau des bassins…
Et puis souvent mélancolique,
Enveloppé d’ombre mystique,
L’automne compose des pluies
Qui nous parlent de nostalgie…
S’endort l’automne musicien
L’hiver frileux vers nous revient…
OCTOBRE
Souple, léger, volage,
Aimant danser la valse
Avec les blancs nuages,
Invisible et puissant,
Receleur de parfums,
Transporteur de nos mots
Dont il copie l’écho,
Complice ou redoutable,
Il règne en solitaire
Sur maints et maints royaumes…
Multiple est son visage
Car de braise ou de glace,
Bise, brise ou simoun,
Il effleure les hommes,
Il dessine des dunes,
Il cisèle des pierres,
Nourrit des incendies,
Mais il emmène aussi
Sur ses ailes rapides
Les oiseaux migrateurs
Qui sont ses compagnons…
Le vent aux mille noms
N’en finira jamais
De souffler sur le monde
Pour mieux le célébrer.
NOVEMBRE
Il cherche quelque chose
Sans trop savoir pourquoi,
Quelque chose de beau,
De parfait, d’essentiel
Qui le hante sans cesse
Où qu’il soit, quoiqu’il fasse…
Il écoute les voix
Parlant à son esprit.
Sur le pont de son âme,
Voyageurs impatients,
Les mots veulent franchir
Les frontières secrètes
Des pays intérieurs
Pour venir sur la page
S’éclore en mille phrases.
Rien ne peut entraver
Leur afflux impérieux
Car leur force est pareille
Aux marées ascendantes,
Au soleil qui se lève,
A l’enfant qui veut naître…
Le poète comblé
Laisse monter en lui
La sève de lumière
Qui est l’inspiration,
Ce suc immatériel,
Cet élixir sublime
Sans lequel il mourrait.
Le vent secret de l’âme
N’est pas celui qui souffle
En balayant l’espace.
C’est celui qui s’infiltre
En grains bleus de lumière
Au sein de la conscience.
Il apporte une idée
De paisible douceur
Et de recueillement,
Il égrène en arpèges
Un chapelet diaphane
D’amour compatissant.
Il recrée l’univers
En paysages neufs
Où l’on marche à pas lents
En savourant le Temps.
Le vent secret de l’âme
Est la sève de l’être,
Le suc de l’existence,
Le pur rayonnement
De l’harmonie cosmique.
DECEMBRE
L’hiver est né, l’hiver rayonne
Avec son teint de pâle icône
Et ses grands yeux de neige pure,
Enveloppé de blanche bure,
Tranquille, grave et recueilli,
Ouvrant les livres de l’esprit.
L’hiver aux noëls lumineux,
Aux mots rieurs d’enfants heureux,
L’hiver au chaud des cheminées
Dans les maisons bien décorées
Quand on médite au coin de l’âtre,
L’humeur rêveuse un peu folâtre…
L’hiver aux enfants désolés
Errant de par les rues gelées
Quand les durs cristaux de la glace
Tristement tintent et se cassent…
L’hiver, quand l’on chante un cantique
Quand on attend l’heure magique
D’une légendaire naissance
Quand tout s’écrit en innocence,
L’hiver aux minuits de lumière,
Aux chants d’amour et aux prières
Lorsque la Paix qui s’offre en trève
En tout pays grave ses rêves…
L’hiver se meurt en un soupir,
Naît le printemps plein de désirs…