LE TRIPTYQUE DES INSTRUMENTS (2)
Nos fragiles douleurs
Vibrant comme des cordes,
Suspendues jour et nuit aux aguets de nos larmes
S’exhument d’une quarte,
D’une tierce sensible
Quand un bémol s’attarde
En pluie de souvenirs…
Le piano se recueille
En longues rêveries…
Sur les touches couleur d’anthracite et de neige
Surgit un monde étrange,
Une éclosion d’images
Dans un jardin de sons
Qui raconte en souriant des bribes de nos vies…
Une histoire s’écrit
Au détour d’un arpège,
Amoureuse balade avec la nuit qui brille
Sous une lune argent,
Quand se taisent enfin toutes rumeurs hostiles…
Et puis comme un soleil,
Ce concerto soliste,
Ame slave qui pleure ou bien rit de bonheur
En exaltant nos cœurs
Envahis d’harmonies…
Dans l’esprit coule à flot
La divine musique,
Elixir composé de mille souvenances
Dont les parfums de lys et de lilas discret
S’échappent du piano pour mieux nous enivrer…
LE TRIPTYQUE DES INSTRUMENTS (3)
Gémissante et cruelle,
La trompette déchire
Les cœurs trop douloureux
Qui l’écoutent pleurer,
Chaque larme a le goût
D’une amère mesure
Chromatisme qui s’enfle
En tempête de peines.
Elle seule a pouvoir
D’éclairer dans la nuit
Les secrets bien cachés
Des âmes malheureuses,
Nul ne peut résister
A son appel troublant
Quand, imitant le vent,
Elle s’envole au ciel.
On la supplie parfois
De s’habiller de joie
Afin que virevoltent
Ses notes frémissantes,
Alors elle se débauche
En cadences jazzy,
Improvise des airs
D’ivresse et de folie.
Au souffle fort de l’homme
Qui la serre en ses lèvres,
Elle imprime sa marque
Et ne veut plus se taire,
Car un pacte d’amour
Les relie l’un à l’autre,
Sortilège étonnant
D’une alliance rythmique.