CORONAVIRUS
UN MONDE AUX DEUX VISAGES
Il vient de nous frapper, maléfique et sournois,
Ce coronavirus né au pays chinois,
Plus fort qu’une tornade ou bien qu’un tsunami,
Sans pitié, brusquement, il arrache nos vies.
On n’ose plus sortir, on craint ses attentats,
Tapi dans l’air, il flotte et attaque ses proies.
Chacun, méfiant, se terre et demeure aux abois
Car ce qu’on sait sur lui, c’est que l’on ne sait pas
Sous quelle forme il vient s’insinuer en nos corps.
Chaque jour un peu plus, il grandit et dévore
Nos organes vitaux, nos fins vaisseaux sanguins,
Narguant le diagnostic des plus grands médecins.
Moi, je ne voulais pas lui rendre ainsi hommage
En évoquant son nom, ou même son image :
Cette épineuse roue aux morbides rougeurs
Qui se pavane au bleu de nos téléviseurs !
Mais des amis m’ont dit, et j’ai voulu les croire,
Qu’il faudrait quelque part en conserver mémoire.
Cette guerre au Covid, ce fléau médical
Restera pour toujours dans l’histoire mondiale.
Hélas ! trois fois hélas car nous n’oublierons pas
Ces milliers de cercueils portés à bout de bras,
Ces familles en deuil écartées des défunts
Dont la douleur jamais ne connaîtra de fin !
Mais changeons nos regards et portons-les plus haut,
Où tout ce que l’on voit peut paraître plus beau !
Le vent danse à travers les places désertées,
Du Kremlin majestueux aux coupoles dorées
Jusqu’aux vastes parvis des hautes cathédrales,
Des plages sans baigneurs au lointain Taj Mahal,
Et dans sa valse folle, il emporte en riant
Les tourbillons joyeux de mille oiseaux chantant…
La nature s’éveille à des temps sans humains,
S’embellit d’un air pur éclairant ses matins.
Vierge de gaz toxique et de bruits incessants,
Chaque ville renaît loin du flux des passants,
Et la terre sourit, tel un adolescent
S’initiant aux délices d’un amour naissant.
Plus aucun visiteur n’a droit de parcourir
Ces lieux que tout touriste aimait à découvrir,
Ces gigantesques rocs sculptant le Grand Canyon,
Ces arbres pétrifiés ornant Yellowstone,
Il y règne dès lors une douceur sereine
Délivrée du cortège des fourmis humaines…
Et puis s’offrent à nous ces tableaux incongrus
D’animaux qui défilent à travers les rues,
Les canards à Paris, les moutons à Raglan,
Sangliers, otaries, singes ou éléphants
Osent s’aventurer au cœur de nos cités !
Traversant la chaussée, les manchots se dandinent,
Les boucs aventuriers vont faire les vitrines !
Et là-haut, dans le ciel, tout l’azur étincelle
Car les avions, au sol, ont replié leurs ailes.
Les doux parfums des fleurs s’exaltent à loisir,
L’univers est en liesse et le cosmos respire…
Tandis que la planète au visage irréel
Restaure peu à peu son âme originelle,
Le Covid perpétue ses meurtres en série,
Impitoyablement, il nous blesse et détruit
Nos fragiles destins et notre économie.
Quelle que soit sa place en notre société,
Chacun de nous résiste avec ténacité
Bénévole ou soignant, retraité, travailleur,
Nous luttons tous avec une semblable ardeur !
Puisse bientôt la science avoir raison de lui,
Concevoir un remède est son plus grand défi !
Puisse le monde enfin redevenu meilleur
Aspirer à la paix et l’entente des cœurs,
Quand nous seront rendues et notre liberté
Et notre inextinguible bonheur d’exister !
Frédérique Ramos